
POUR OU CONTRE L’AVORTEMENT
AUCUN JUGEMENT
Tout d’abord, par cet article je ne porte aucun jugement. Ce n’est pas moi qui ai écrit «Journal d’un enfant dans le sein de sa Mère» mais j’aurais pu…Lisez jusqu’à la fin et vous comprendrez.
EN 1973
Il y a déjà longtemps de cela, j’ai recopié un texte. Je ne me souviens plus du tout où je l’avais trouvé. C’était peut-être dans une revue ou à l’école qu’il nous avait été remis. À l’instar de souvenirs anciens, il a refait surface dans ma mémoire suite à la lecture d’un article sur un sujet qui s’en rapproche. Celui d’une fausse-couche en début de grossesse. Il était dans une boîte tout ce temps. À cet instant, je l’ai devant moi, écrit à la main sur un papier tellement jauni qu’on dirait un manuscrit ancien.

À LA POLYVALENTE
Au secondaire les étudiants avaient été amenés à discuter dans le cadre du cours de sexualité. Nous devions échanger nos opinions et réflexions sur l’avortement.
C’était une bonne prise de conscience à faire à cet âge où tout peut arriver. Vers le milieu des années 60, l’avènement de la pilule contraceptive avait enfin fait son entrée glorieuse pour contrôler les naissances. De plus il y avait aussi celle du lendemain qui pouvait déresponsabiliser et atténuer les conséquences.

Mais ce n’était pas un cadeau gratuit. Parce que cela allait changer de beaucoup les moeurs et coutumes sexuelles des adolescents devenus plus libres. Cependant l’information complète n’était pas divulguée à grande échelle. Il fallait encore savoir tout ce que cette nouvelle liberté apportait de problèmes. Ou même les problèmes de santé que l’on encourait. Et ce n’était pas tout à fait une méthode sûre à 100% pour ne pas devenir enceinte.
Donc je vous le présente en le retranscrivant à nouveau ici. Attention coeurs sensibles. C’est touchant, poignant… Le titre est «Journal d’un enfant dans le sein de sa Mère»
15 octobre

Aujourd’hui je commence mon journal puisque c’est maintenant que commence ma vie. Mes parents ne me connaissent pas encore. C’est normal je suis si petit, comme un grain de blé. Et même si je ressemble à un bourgeon, je suis déjà moi. Oui, je serai un garçon. Plus grand j’aurai des cheveux blonds et les yeux bleus. Avant de voir le jour, de pousser mon premier cri, je suis déjà quelqu’un. Tout est en place, même que j’aimerai les fleurs. Je serai unique. Quelle chance! Je suis le seul rescapé de milliards de combinaisons possibles.
19 Octobre

À chaque jour, je grossis un peu mais je ne peux pas encore agir tout seul. Je suis trop petit. Ma mère fait tout pour moi…ou presque. Mais elle ne sait pas encore que je suis là, qu’elle me porte, me réchauffe, me protège. Je suis là tout près de son coeur. Elle me nourrit de son propre sang. Elle est déjà si bonne.
23 Octobre
Ma bouche commence à s’ouvrir. Dans un an à peine, un an! c’est vite passé. Oui, dans un an à peine je saurai rire et ensuite parler. Je sais que mon premier mot sera «Maman».
25 Octobre
Aujourd’hui, j’ai 21 jours. On n’a pas touts les jours vingt-et-un jours. Pour la première fois mon coeur vient de battre tout seul. QUELLE MERVEILLE! À partir de maintenant il va battre toute ma vie, sans jamais de repos et après plusieurs années, il s’arrêtera. Je mourrai.
2 Novembre
J’ai cinq semaines. Je grandis de jour en jour. Ce matin 4 petits bourgeons ont poussés. Ce sont mes bras et mes jambes qui prennent forme. Il faudra du temps encore pour que mes jambes soient assez fortes pour se tenir d’elles-mêmes, dans les bras de ma Maman. Oui aussi il faudra du temps avant que mes bras soient capables de cueillir la première fleur et d’entourer tendrement le cou de Papa.
12 novembre

Des petits doigts sont entrain de se former à mes mains et à mes pieds. C’est drôle comme ils sont petits. Avec eux je pourrai caresser le visage de Maman et mêler ses cheveux.
20 novembre
Aujourd’hui, quel grand jour! Le médecin annonce à mes parents la nouvelle. Je suis là enfin! J’étais tellement seul. J’avais tellement hâte qu’elle le sache. Comme elle doit être heureuse. Moi je le suis avec elle. Dis, Maman, es-tu contente? Es-tu contente?
25 Novembre
Papa et Maman doivent bien se demander comment ils m’appelleront. Ils ne savent pas encore que je suis un petit garçon aimant les fleurs, les oiseaux et le soleil. J’aimerais m’appeler Jacques.
10 Décembre
Mes cheveux poussent. Comme ils sont doux et soyeux! J’ai hâte de connaître les cheveux de ma Maman. J’entends le son de sa voix.
13 Décembre

Je peux presque voir même si c’est si noir. Je n’ai pas peur : Maman est là. Quand elle me donnera le jour, ce sera plein de soleil, d’oiseaux et de fleurs. Mais ce que je désire par-dessus tout au monde, c’est de voir ma Maman. Maman, dis à qui ressembles-tu?
27 décembre
Je me demande si Maman entend le murmure des battements de mon coeur. Je fais tellement de rêves. Il y a des enfants qui viennent au monde malades. Mais moi, mon coeur est fort et en santé, il bat régulièrement. Tu auras un fils en santé Maman.
28 Décembre
Aujourd’hui s’arrête mon journal. Aujourd’hui à 3 mois, Maman m’a tué par son avortement.»
*********************
Dans mon cas, quand j’ai eu l’annonce de ma grossesse par le médecin, mon coeur s’est tellement rempli de joie. Je croyais qu’il allait exploser. Mais j’avais 17 ans seulement. Donc c’était aussi un choc en même temps. Car ma vie allait changer de direction pour plusieurs années.

Mon fils aura 44 ans bientôt! Lui et sa soeur sont à jamais le bonheur de toute ma vie. C’est pourquoi j’ai dit que j’aurais pu écrire le texte mais que je ne l’ai pas fait. Et avec respect je comprends celles qui prennent cette décision déchirante. Chaque histoire est différente et personne n’a le droit de juger.
VOTRE HISTOIRE
Avez-vous une histoire touchante à raconter ? Partagez-là ici. Aussi donnez-moi votre impression ou votre opinion sur ce sujet délicat dans les commentaires ci-dessous.

Écrivainement vôtre
Diane Gingras
COPYRIGHT Jeter l’encre©2018 | all rights reserved 2018